2023 : Le Lignon en équilibre entre ville et nature

«Regardez, il y a même des rapaces!» Au sommet de la plus haute tour du Lignon, on aperçoit deux buses qui tutoient les antennes de télévision. À côté des barres d’immeubles en béton armé, le Rhône vert émeraude s’écoule au milieu de la végétation dense. On croirait voir l’Amazone. En bas du bâtiment, il est difficile d’apercevoir quoi que ce soit, car les arbres masquent les divers aménagements de quartier.

La cité verniolane a été bâtie dans les années 60 pour soulager la pression sur le marché immobilier. C’est un écrin de béton au milieu de la nature. Peuplé d’environ 6000 âmes, il s’agit du plus grand ensemble du canton. Et contrairement à des quartiers de taille similaire, Le Lignon se situe au milieu de la campagne. Reportage dans ce site plus vert que gris.

Facteur de cohésion sociale

Sandrine Righenzi est la présidente de l’association des locataires du Lignon. À part une parenthèse de vie à Meyrin, elle vit depuis toute petite dans cette cité et la connaît sur le bout des doigts. Depuis la tour où nous nous rencontrons, elle pointe l’autre rive du Rhône. «Paradoxalement, mon coin de nature préféré au Lignon est en dehors du quartier. Après la passerelle, sur la presqu’île de Loëx, vous êtes au milieu des champs! Idéal pour un pique-nique. Si vous le sentez, vous pouvez même marcher jusqu’à Onex.»

Mais il n’y a pas besoin de traverser le Rhône pour se perdre dans la nature. «Contrairement au centre-ville, où il faut prendre le bus ou la voiture pour aller en campagne, ici il suffit de descendre en bas de chez soi, sourit-elle. Tout autour des barres d’immeubles, il y a de la forêt. On y croise beaucoup de monde, les habitants se sont vraiment approprié ces espaces. Et en été, je vous garantis qu’on est bien content d’avoir des arbres.» Et en effet, de l’avis de nombreux habitants croisés sur place, la canicule est bien plus supportable ici qu’en centre-ville, grâce au fleuve et à la canopée tempérant le quartier.

Ces espaces verts ont aussi leur utilité sociale. «Les enfants peuvent aller seuls à l’école bien plus tôt. Il n’y a quasi pas de route à traverser. C’est aussi plus facile de créer un sens de la communauté», relève Sandrine Righenzi. Citons par exemple la Ferme du Lignon, qui produit surtout des œufs. «À Pâques, nous leur en avons acheté une certaine quantité et organisé une chasse aux œufs non loin de leur terrain. Avoir de tels lieux à proximité, ça permet de tisser des liens avec les habitants du quartier, hors des bâtiments.»

Source : Tribune de Genève (11.08.2023
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https://www.tdg.ch/le-lignon-en-equilibre-entre-ville-et-nature-443655447167